L'Hora prima venait à peine d'être arrivée que je me réveillai déjà. Sans perdre de temps, je me levai, encore de toge de chambre et me postai au balcon, admirant le lever du soleil. Sans aucun doute, le lever du soleil était magnifique, et se lever à l'hora prima était la seule façon de pouvoir admirer l'apparition du soleil à l'horizon. Bien sûr, je ne faisais pas en sorte de me réveiller à cette heure, je n'aurais jamais demandé à un esclave d'entrer dans ma chambre pour que je puisse simplement regarder le lever du soleil.
Le soleil étant levé, ma chambre éclairée, il était impossible pour moi de me recoucher et me rendormir. Je choisis donc de me faufiler à pas de loup dans la bibliothèque pour aller y chercher un parchemin. Pline, Platon, Aristote ou Suétone, cela m'importait peu. C'est ainsi que la prochaine oeuvre que j'allais lire était
La vie de Caligula de Suétone. Cependant, après avoir lu et dévoré 5 chapitres, je m'arrêtai. On m'avais toujours conseillé de ne lire que 5 chapitres d'une oeuvre et de réfléchir à ces chapitres lus avant de continuer la lecture. C'est ce que je fis. Ainsi, j'avais la journée pour réfléchir à l'ascendance de Caligula et à l'impact de l'annonce de la mort de son père, Germanicus.
Pendant que je m'habillais pour sortir de la maison, je ne pu m'empêcher de songer à Germanicus, au fait qu'il avait tant de qualité et qu'il soit tant aimé des peuples qu'il avait conquis et qu'il soit l'objet de tant de respect de la part des peuples contre qui Rome était en guerre. Quelque part, Germanicus était un peu l'homme parfait, l'homme en qui on pourrait avoir confiance, l'homme qui saurait me rendre ma confiance envers les hommes. Mais Germanicus n'existait plus, il était mort il y a fort longtemps. Et puis, aucun homme, d'après la description que fait Suétone de Germanicus, ne saurait être pareil, à la fois simple et honnête, juste et calme.
Une fois habillée et coiffée - je devais faire honneur à ma famille -, je sortis de la maison. Un esclave seul m'accompagnait. Je n'aimais pas sortir avec la litière. C'était à la fois trop imposant et trop voyant. Passer inaperçu, c'était ça qui me convenait, se mêler à la foule pour mieux la manipuler. Sous mes airs d'ange, personne ne s'était un jour méfié de moi, du moins, je le pense, et j'espérais que cela continue.
C'est donc à pied que je me rendis au forum. L'Hora quarta venait d'arriver et moi, accompagnée seulement d'un esclave, certes fort, mais seul, je fus quelques peu perdue dans cette foule. Je n'avais plus l'habitude d'un tel rassemblement de citoyens au même endroit, après tous ces jours passés en Hispanie. Malgré le fait que je sois déjà revenue depuis quelques mois, cela me surprit un peu. Mais très vite, j'entendis mon nom être prononcé juste derrière moi.
PHOEBUS :: Ilona Flavii ... Quelle jolie jeune femme tu es devenue ...
Je me retournai vivement. Un jeune homme que je connaissais un peu par les relations de ma famille, Phoebus Valerii, fils d'Aurora Valerii, si je me souvenais bien. Et comme ma mémoire me faisait très rarement défaut. Je m'avançai alors vers lui.
ILONA :: Je te remercie, Phoebus. Tu as fort changé également !
A notre passage, plusieurs têtes se tournèrent. Il faut dire que la famille Valerii et la famille Flavii étaient des familles assez connues à Rome et Phoebus et moi étions des partis assez bons à pendre. Sans compter le fait que moi, du haut de mes 19 ans, je n'étais pas encore mariée. Des rumeurs à propos de ma sexualité courraient d'ailleurs, mais de ces rumeurs, je n'en avais que faire, tant leur absurdité était grande.